Interview Fabien YOON

14 novembre 2016
Interview Fabien Yoon

Hello tout le monde,Je suis de retour avec une nouvelle interview !
Il y a quelques semaines, j’ai eu la chance de rencontrer Fabien YOON, un français, acteur et animateur en Corée.
C’est une personne que j’admire énormément, son parcours est vraiment inspirant, il s’est donné à fond dans tous ses projets pour en arriver où il en est.
Dernièrement, il a sorti son livre sur la cuisine coréenne.

Dans cette interview de Fabien Yoon, vous en saurez beaucoup plus sur lui, sur sa carrière, sur ses projets et aussi sur son livre de cuisine.

la cuisine coréenne de fabien yoon

INTERVIEW 

Gouny : Peux-tu te présenter s’il te plait et peux-tu nous expliquer comment tu es devenu en quelques années le représentant de la France en Corée ?

Fabien : Je m’appelle Fabien Yoon, je suis français, je suis acteur et présentateur télé en Corée et récemment auteur en France (rires). Je suis passionné de la Corée depuis que je suis tout petit. J’ai commencé le taekwondo à 5 ans en France, à Paris, complètement par hasard. Il y avait un dojang de taekwondo juste à côté de chez moi. Ma mère voulait que je fasse un art martial, comme toutes les mamans pour que j’apprenne à me défendre, parce que j’aimais bien me battre à l’école apparemment. Et donc j’ai commencé le taekwondo et j’ai connu la Corée comme ça. J’ai commencé à regarder tous les films d’arts martiaux coréens. Cela m’a ouvert au cinéma coréen.

Ensuite, il y avait une équipe de démonstration de taekwondo qui s’appelle les Korean Tigers qui venait faire une démonstration tous les ans à Bercy. Et ils utilisaient de la K-Pop en BGM (background music) de leur démonstration. Et je me suis dit “mais c’est quoi cette musique? C’est trop bien!”. Je me rappelle, à l’époque, je devais avoir 7-8 ans quoi. Et genre, ils m’ont donné un CD de K-Pop. C’était début des années 90, 94. Et donc révolution je me disais : “c’est quoi cette musique de fou?”. Donc j’ai commencé à écouter de la K-Pop et à m’intéresser à tous les aspects de la culture coréenne.

En tant que français qui travaille dans le milieu artistique, on est exposé médiatiquement. Quand on passe à la télé, les gens nous connaissent. La première chose que j’ai faite pour l’Ambassade, c’était en 2012. Il y avait l’expo universelle à Yeosu dans le sud de la Corée. Et ils m’ont nommé “ambassadeur du pavillon français”. Après, ils m’ont appelé pour un peu tous les évènements qui touchent à la France. J’ai été amené à présenter la soirée française du festival du film de Busan par exemple, et plusieurs évènements comme la fête du 14 Juillet ou alors la fête de fin d’année de la Chambre de Commerce. Donc j’essaye de faire le lien entre la France et la Corée parce que ce sont deux pays que j’aime et j’aimerais bien que ces deux pays sachent un peu plus l’un de l’autre. Les coréens sont très intéressés par la France et les français de plus en plus intéressés par la Corée donc j’aimerais bien devenir un petit peu comme toi une passerelle entre les deux pays, on a un peu le même objectif (rires).
Sachant que cette année, c’était aussi l’année de la France en Corée, il y a eu pas mal d’évènements aussi qui se sont faits. Maintenant, j’ai un peu, en tant que personnalité publique, le rôle de représenter la France en Corée. Et vice-versa, de bien représenter la Corée en France puisque maintenant avec le livre, les coréens attendent de moi un peu que je fasse de la pub pour leur pays en France, ce qui est normal.

Interview Fabien Yoon

Gouny : Je trouve que tu es un bon porte-parole en tout cas.

Fabien : Merci.

Gouny : Alors tu es acteur et animateur, tu fais également du Taekwondo, comment arrives-tu à gérer tout ça au quotidien ?

Fabien : Réduction des heures de sommeil (rires). Une vie à la coréenne, c’est-à-dire les 35h en deux jours. Je travaille énormément, j’arrive à gérer tout ça, avec de l’organisation. En fait, je suis quelqu’un de très passionné quand je fais quelque chose, j’aime bien aller au bout de tout ce que je fais. Quand j’ai commencé le taekwondo, pour moi, c’était une obsession. Il fallait que je m’entraîne, je pensais qu’à ça. Quand j’allais acheter un jean ou un pantalon dans un magasin, avant que le design me plaise, il fallait voir si c’était bon pour faire des coups de pied parce que je faisais des coups de pied dans la rue tout le temps dès que j’avais un endroit pour m’entrainer (rires).
Je suis un grand passionné et je m’intéresse à énormément de choses. J’aime bien la musique, le cinéma, le théâtre, la mode, j’aime bien lire… J’aime énormément de choses et j’ai envie de tout faire. Et là, j’ai la chance d’avoir la possibilité de réaliser tous ces objectifs et toutes les choses que j’aime, j’ai pas envie d’en laisser une.

C’est sûr, ça fait beaucoup de choses à la fois, ça prend beaucoup de temps. En un an, j’ai fait des livres, du théâtre, des séries, j’ai animé trois émissions télé, j’ai une émission de radio donc c’est sûr que ça réduit un peu mon temps libre mais moi, j’ai la vie que je veux. Je suis heureux, je suis très heureux, je suis très épanoui dans tout ce que je fais et j’échangerais rien au monde pour ce que j’ai maintenant.

Gouny : Tu as déjà eu l’opportunité de faire des émissions dans le monde de la K-Pop en Corée et du coup cette année, l’opportunité de présenter la K-Con à Paris. Qu’est-ce que t’en as retiré de cette expérience ?

Fabien : Déjà, quand il y a eu l’annonce de l’évènement, j’étais tellement content que ça se passe à Paris. Pour moi, c’était normal que ça se passe à Paris parce qu’en Europe, la France, c’est quand même le bastion de la K-Pop, c’est le pays qui a le plus de fans, qui a le plus d’intérêt. Il y a beaucoup de belles villes en Europe, mais Paris, c’est Paris.
Donc je pense que les groupes coréens étaient très contents que ça se passe à Paris.
J’ai vu en 1h les places toutes vendues alors que les prix étaient quand même assez chers. Pour des fans de K-Pop, c’est le seul point que je trouve un peu dommage, que ça soit cher alors que les fans de K-Pop sont généralement jeunes et ont pas énormément de moyens. Donc j’aurais bien aimé que ça soit un peu moins cher mais ça coûte quand même très cher de faire venir, d’organiser tout ça.

Au niveau de l’évènement en lui-même, du côté de l’organisation, c’était encore difficile. Parce qu’il y a déjà d’une, la barrière de la langue donc ça ralentit tous les échanges, sachant qu’il faut traduire et que peu de français parlent anglais, peu de coréens parlent anglais donc c’était dur au niveau de la communication. C’est un évènement énorme qui a été préparé en très peu de temps, c’était un peu difficile mais au final, je trouve qu’on s’en est pas trop mal sorti.
Il faut penser positivement, faut se dire que déjà, on a eu la chance d’avoir les top groupes de K-Pop du moment et se dire que c’est aussi de l’espoir pour l’avenir, que ça sera mieux la prochaine fois, que ça sera mieux organisé, qu’il y aura encore plus de groupes, encore plus de fans. Si on pense aux négatifs, on peut trouver plein de choses négatives. Le temps n’a pas aidé, il faisait moche, il pleuvait, il faisait froid…etc.

Moi dans mon petit rôle de présentateur de la convention et en tant que français, j’essayais de donner le maximum d’infos mais je pouvais pas tout donner. J’étais un peu pris entre deux feux, j’avais envie que ça se passe le mieux possible.
Je pense que ça sera mieux, que les gens ne s’inquiètent pas. Ne vous inquiétez pas les gens, tout ira bien la prochaine fois et on reviendra.

interview fabien yoon

Gouny : Quels sont le ou les meilleurs moments de ta carrière ?

Fabien : Si je peux t’en dire trois, je vais t’en dire trois parce que c’est dur d’en sélectionner un. Je pense qu’un des moments qui m’a fait le plus trembler, c’était la première pièce de théâtre que j’ai fait en Corée, c’était en 2010.
J’étais en Corée depuis pas si longtemps que ça, ça faisait même pas deux ans que j’y étais. Pour moi, au bout de deux ans, arriver à faire une pièce de théâtre, c’était extraordinaire. C’est une expérience que j’oublierai jamais de ma vie, je me disais “mais arrête de trembler”. Excellent souvenir et à la fin, c’était limite dans la loge, j’avais les larmes aux yeux. C’était vraiment un souvenir extraordinaire.

Le deuxième souvenir est sûrement ma première scène dans un drama. En fait, j’avais été casté pour un drama qui s’appelait “East of Eden” où je joue avec Song Seung Heon qui est un acteur que je connaissais depuis des années. C’était avant le théâtre, c’était en janvier 2009. J’étais en Corée depuis même pas un an, je parlais très peu coréen et donc j’arrive, un producteur m’appelle un soir à 22h “est-ce que tu parles anglais?”, je lui dis oui, il me dit “attends deux secondes, je te passe un mec qui va te caster en anglais”. Je passe donc le casting par téléphone. On discute en anglais, il voulait voir si je parlais bien anglais, si c’était bon. On discute pendant… 30 secondes et il me dit “bon ok”. Il me repasse le coréen et le coréen me dit “bon demain matin, 8h, tu tournes dans tel drama”. C’est pas possible, je savais pas encore avec qui je tournais quoi. Et j’arrive sur la scène, et on me dit “oui il faut que tu répètes avec l’acteur” parce que c’était une scène en anglais. J’arrive et je répète avec Song Seung Heon quoi. Pour moi, c’était juste.. J’étais complètement fou. C’est un des trois plus beaux souvenirs de ma carrière en tout cas.

Le troisième, on va dire que c’était hier, la sortie de mon livre de cuisine. C’est un projet que j’avais depuis des années. J’ai investi énormément de temps, de passion dans ce livre. J’avais vraiment envie de faire quelque chose et c’est la première interaction avec le public français. Je fais énormément de choses en Corée, à la télévision mais j’avais vraiment envie de faire quelque chose pour la France et pour les français et là c’est une occasion pour moi d’interagir avec les gens, de présenter un petit peu ce que je fais. Et donc je suis très content de vous présenter ce livre.

Gouny : D’ailleurs je l’ai lu, il est trop bien.

Fabien : C’est vrai, tu l’as lu?

Gouny: Ouais, je l’ai acheté dès qu’il est sorti (rires).

Fabien : C’est vrai ? Merci.

INTERVIEW FABIEN YOON

Gouny : Après huit années passées en Corée, peux-tu nous dire ce que ce pays représente pour toi ?

Fabien : C’est bateau de dire “toute ma vie” mais j’ai connu ce pays en 92 la première fois que j’ai vu le drapeau coréen, que je trouvais d’ailleurs très beau.
C’est ma deuxième patrie quoi. J’habite là depuis huit ans, quoi qu’il arrive maintenant, si demain j’étais amené à partir de la Corée, ce qui est possible, on ne sait jamais, je vis au jour le jour donc c’est possible, j’ai vécu presque ⅓ de ma vie en Corée, donc je suis devenu adulte en Corée, toute ma carrière est en Corée donc c’est un pays qui est très important pour moi, que j’adore. J’adore la culture, j’adore les gens, je trouve qu’il y a une énergie extraordinaire. C’est un pays vraiment qui est en moi.

Après je suis français. Les gens me posent souvent la question “t’as été naturalisé ?”, pour moi je suis français, je me sens français, j’ai toujours été français. C’est pas parce que j’ai un nom coréen que je suis coréen. C’est juste mon pays de coeur. Il y a des gens qui ont un coup de coeur en faisant un voyage et tout. Moi mon coup de coeur, c’est la Corée. Même si des fois, c’est difficile parce que c’est difficile pour tout le monde, c’est difficile pour un français qui habite en France aussi, parce que la vie est difficile. C’est un pays qui m’a apporté beaucoup et auquel je dois beaucoup. Je remercie tous les jours la Corée et les coréens de m’avoir d’une accepté et de m’avoir permis de réaliser tous les rêves que j’ai fait. Comme dirait Cioran “j’ai connu toutes les sortes de déchéances y compris le succès”.

Gouny : Alors maintenant ce sont les questions qui concernent ton livre, Quel a été l’élément déclencheur qui t’a donné envie d’écrire ce livre ?

Fabien : J’aimais bien cuisiner comme ça, pour moi. Et un jour, je cherchais le nom en français d’un ingrédient coréen. Des fois, c’est super dur. Par exemple, il y a plein de trucs qui peuvent presque pas se traduire même en anglais, t’as pas de mots. Et il y avait un ingrédient que je cherchais, je cherchais le nom en français pour expliquer à un ami ce que c’était le plat. Je vais sur internet, chercher, et il y avait aucune recette coréenne ou très peu ou alors très mal fait, très succinct. Et je me suis dit “mince il y a pas de livre sur la cuisine coréenne”. Je suis allé voir sur les sites Fnac, il y avait un livre datant d’une vingtaine d’années qui avait été écrit par une coréenne. Et je disais “mince, la cuisine coréenne, c’est tellement bon. Il faut que je partage ça”.

J’ai commencé à écrire un peu mes recettes au fur et à mesure que je cuisinais. Le projet a commencé en 2013, ça fait plus de trois ans. J’ai été présenté à certaines maisons d’édition, j’ai eu pas mal de refus parce qu’ils pensaient pas que la cuisine coréenne serait intéressante, ils y croyaient à moitié. Cela a pris beaucoup plus de temps, le livre aurait pu sortir plus tôt. J’avais vraiment envie de partager mes maigres connaissances sur la cuisine coréenne avec les français et c’est comme ça que c’est né. C’était vraiment en me rendant compte qu’il y avait une demande, même quand je mettais mes posts sur les réseaux sociaux, les gens me demandaient la recette. Donc je leur en donnais quelques unes et après je me suis dit “bon, on va faire un livre”.

interview fabien yoon

Gouny : Que pouvons-nous retrouver dans ton livre? Est-ce qu’il s’agit de tes recettes personnelles?

A propos de son livre, écoutez notre échange audio.

Gouny : Dans ton livre, tu parles beaucoup de tes expériences culinaires, tu parles aussi de l’histoire de la cuisine coréenne et tu donnes même des conseils.

Fabien : Chaque recette à un petit cadre “le saviez-vous?” où j’explique une particularité du plat. Par exemple, sur les jajangmyeon, quand on a pas reçu de cadeau à la St Valentin et qu’on est célibataire, le 14 avril (Black Day), on mange des jajangmyeon. Donc le 14 avril, tu rentres dans un restaurant de jajangmyeon et tu vois tous les célibataires, garçons ou filles, en train d’en manger. C’est plein d’anecdotes culturelles que tu peux pas savoir, que même moi j’ai appris au fur et à mesure de ma vie en Corée.
J’ai mis énormément de photos, il y a une dizaine de textes que j’ai écrit pour expliquer plein de trucs drôles sur la cuisine coréenne, la culture coréenne, pour donner un peu plus d’intérêt au livre et donc ces encadrés culturels pour pouvoir sortir des anecdotes pendant les repas avec vos amis.

interview fabien yoon

Gouny : Quels sont les aspects de la cuisine coréenne qui te plaisent ?

Pour écouter notre discussion en audio sur l’aspect de la cuisine coréenne.

Gouny : Pour les personnes qui n’ont jamais mangé de la cuisine coréenne, quel plat leur conseillerais-tu dans ton livre ?

Fabien : J’ai déjà un peu répondu à cette question tout à l’heure. Alors ceux qui n’ont jamais mangé de la cuisine coréenne, je leur conseillerais le kimbap, parce que c’est pas épicé. Pour un français qui ne connaît pas la cuisine coréenne, il n’y aura pas cette appréhension de manger épicé.
On a la chance d’avoir la mentalité française, on est quand même super ouverts à tous les niveaux et surtout culinairement.

Je conseille le kimbap parce que c’est simple à réaliser, c’est vraiment rapide et ça résume bien la cuisine coréenne. C’est un peu l’équivalent de notre sandwich, notre jambon-beurre national.

Mon coup de coeur, c’est le tteok kochi, la brochette de gâteau de riz. C’est un peu épicé mais vu qu’il y a la confiture de fraise,ça apaise le goût. C’est vraiment le plat que je fais toujours à mes amis, que ce soit les coréens ou les français, ils adorent et c’est une recette que j’ai élaboré moi-même. Dites m’en des nouvelles et laissez-moi des hashtags et des messages sur les réseaux sociaux quand vous cuisinez ça. Il y a d’ailleurs la version vidéo que j’ai filmé dans mon appartement il y a 4 ou 5 ans.. Par contre c’est en coréen mais ceux qui parlent coréen pourront voir la recette.

Gouny: Mis à part ton livre qui vient de sortir, as-tu d’autres projets en ce moment ? Quels sont tes projets futurs ?

Les projets de Fabien Yoon , a écouter en audio.

Voici la partie 2 de l’interview en format vidéo


Je remercie Fabien de s’être livré pendant cette interview, j’espère que ça vous a donné envie de découvrir son livre sur la cuisine coréenne ! 🙂

Photos crédit : K-phenomen
Interview : Gouny
Retranscription audio : Rose

    2 Comments

  • Cécilia
    19 décembre 2016
    Reply

    Bonjour,
    Un grand merci pour cette article/interview le livre est sous le sapin en attente du jour de noël ^_ ^ et également un grand merci à Fabien Yoon pour ce livre.

    • K-Phenomen
      19 décembre 2016
      Reply

      Oh merci ! 🙂

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