Interview de Kim Seong-hun réalisateur du film TUNNEL
Dernièrement, je vous avais parlé du film TUNNEL de Kim Seong-hun qui sortira dans nos salles françaises, le 3 mai prochain : Relire l’article ici.
J’ai eu la chance de le rencontrer dans le cadre du Festival Regards d’Ailleurs qui met à l’honneur le cinéma coréen.
Tunnel est un film que j’ai vu en avant première lors du 11e Festival du Film Coréen à Paris en octobre dernier. Récemment il a remporté le Prix du Jury et le Prix du Public au Festival du Cinéma de Valenciennes.
TUNNEL de KIM Seong-hun – En salles le 03.05.2017 from V.O. on Vimeo.
Pour ceux qui ne connaissent pas Kim Seong-hun, c’est un réalisateur coréen qui a notamment produit les films Hard Day, et How the lack of love affects two men. Il est également le réalisateur de « Kingdom », la prochaine série coréenne sur Netflix.
Je lui ai donc posé quelques questions sur la sortie prochaine de Tunnel en France, et la série qu’il prépare pour Netflix.
Questions :
Qu’est-ce qui vous a inspiré pour réaliser le film Tunnel ?
La base du film s’inspire du roman Tunnel de So Jae-Won.
L’histoire du roman est beaucoup plus noire que le film, par exemple le personnage du «chien» , c’est quelque chose qui n’existait pas dans le roman. Je l’ai ajouté volontairement pour donner une autre tournure à cette histoire qui pouvait devenir trop dramatique. C’était une façon de donner une petite légèreté au film.
Votre film a fait partie des meilleurs films coréens sortis en Corée en 2016, qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Je suis vraiment reconnaissant!
C’est un résultat qui n’était pas du tout attendu, car le film est sorti en 2016 pendant la grosse vague en été où tous les blockbusters sortent, du coup le distributeur avait beaucoup de doute. Le distributeur se disait « c’est un sujet quand même assez lourd, ce n’est pas un film de divertissement facile à regarder », et ce n’est pas le genre de film où on y va le cœur léger, mais malgré ces difficultés on a réussi à avoir de bons records donc ça a rassuré aussi le distributeur.
Les deux acteurs principaux : Ha jung woo et Doona Bae sont vraiment brillants dans le film, aviez-vous pensé à ces deux acteurs lors de la réalisation du film ?
Effectivement, quand j’ai créé le scénario je ne pensais pas forcément à un acteur en particulier, c’est plus vers la fin de l’écriture que j’ai des personnages qui me viennent à l’esprit.
Donc à la fin de l’écriture du scénario, les premiers noms qui me sont venus à l’esprit pour interpréter les deux personnages principaux c’est Ha jung woo et Doona Bae.
Vous mettez toujours beaucoup d’humour dans vos films, même s’il s’agit au fond de films dramatiques, un vrai mélange des genres. Comment faites-vous pour trouver un équilibre entre ces deux genres ?
Effectivement, c’était le point difficile à travailler dans le film, car sur certaines scènes si on met un peu d’humour ça peut être mal pris, mal interprété, et d’un autre côté, il y a certaines scènes où je voulais apporter une légèreté pour mieux faire passer la chose.
C’est vrai qu’en travaillant de cette façon là, je voulais vraiment bien équilibrer l’humour et le drame, c’est instinctif chez moi, ce n’était pas calculé.
Pour vous donner un exemple concret, quand on serre le poing, à un moment donné il faut le desserrer, et c’est justement cet instant T où on sait à quel moment il va falloir lâcher prise et c’est là que j’intègre ma touche d’humour, cet instant T me permet de savoir quand je dois resserrer le poing ou le lâcher.
Ce qui est intéressant dans ce film, c’est qu’on y aborde énormément de sujets : le manque d’humaniste, les journalistes à la recherche du scoop, la ministre qui vient juste pour se montrer, par rapport à ça, quel est le principal sujet que vous souhaitiez mettre en avant ?
En tant que réalisateur c’est difficile de donner une importance sur un seul sujet parmi tant d’autres, si je les ai tous mis dedans c’est que ces sujets me tiennent à cœur. Cependant, si je devais en choisir qu’un ça serait : le rapport qu’on a avec la valeur de la vie.
A la fin du film on voit la ministre dire « la vie d’un homme est plus lourd que le poids de la planète », donc c’est vraiment ça que je voulais faire passer la vie d’un être humain est plus importante finalement.
Vous venez régulièrement présenter vos films en France, dans le cadre de festivals, d’ailleurs Tunnel sort en France le 3 mai prochain, cela prouve que les français sont intéressés par vos films, qu’est ce que cela signifie pour vous ?
Cela me fait tout drôle de me dire que mon film qui a été produit dans un pays où il faut 12h pour venir (de Séoul à Paris, il y a 12 heures de vol) puisse toucher.
Le public français arrive à rire, à pleurer grâce à mes films, c’est encore quelque chose qui me surprend.
Cela m’a permis de comprendre que malgré les différences culturelles et linguistiques, les émotions au fond de nous sont toujours les mêmes , c’est pour cela qu’on partage le même ressenti.
Concernant Kingdom sa série pour Netflix
Concernant votre actualité, pouvez-vous nous parler de la série « Kingdom » que vous préparez pour Netflix ?
Kingdom c’est une série qui sera composée de huit épisodes. La série se déroulera au 16/17ème siècle en Corée. Et les personnages principaux seront des zombies.
Il s’agira d’une sorte de drama politique.
C’est une histoire où le dauphin (l’héritier de la couronne) va être extrait du pouvoir et va devoir combattre le pouvoir opposant, il va aussi être contre les zombies.
Pourquoi une série sur le thème des zombies ?
Je ne sais pas d’où cela vient vraiment, mais j’avais vraiment envie de faire quelque chose avec les zombies.
Comme je vous ai dit précédemment l’histoire se déroulera au 16/17 ème siècle en Corée, durant la période Joseon.
L’ère Joseon est une période où le peuple était vraiment très appauvrit, il y avait vraiment des problèmes de famine…etc, du coup je me suis dit « peut être » que l’apparition des zombies aura un lien avec ça.
Voilà pour terminer cette petite interview je vous conseille chaudement d’aller voir le film TUNNEL lorsqu’il sortira dans les salles françaises :).
Je remercie Thierry Méranger, président de Fenêtre sur films ainsi que Monsieur Kim Seong-hun pour cette interview. Remerciement également à Ah- Ram pour son joli travail de traduction . Propos recueillis par Gouny au Festival du film regards d’ailleurs.