Religions et croyances en Corée du Sud
Je vais vous parler aujourd’hui des religions et croyances en Corée du Sud.
Quand on associe religion et Corée du Sud, on pense automatiquement aux temples bouddhiques et églises présents dans le pays.
Pourtant, officiellement, il n’existe pas de religion majoritaire en Corée du Sud.
Selon les récentes données, près de 60% de la population sud-coréenne se considère être sans confession. La Constitution coréenne ne prévoit aucune religion d’État (séparation entre l’État et les cultes religieux) et assure à chacun la liberté de religion, garantissant le libre exercice des cultes.
La religion majoritaire pratiquée en Corée du Sud est la religion chrétienne avec 19, 7% de protestants et 7,9% de catholiques en 2015. Ensuite, environ 15,5% de la population se considère comme bouddhiste. À cela, il faut ajouter le chamanisme et le confucianisme qui imprègnent fortement la société coréenne.
Voyons brièvement comment chacune de ces religions et philosophies a pris place en Corée du Sud au point d’en façonner le paysage culturel.
Le chamanisme
Une mudang en plein rituel
Il s’agit d’une croyance ancestrale encore très ancrée dans la société coréenne.
Majoritairement pratiquée par des femmes chamanes – les mudang – (les hommes très rares sont nommés baksu), les cérémonies consistent à entrer en communication avec les esprits. La mudang, possédée par des esprits (ancêtres, esprits de la nature, personnages historiques…), transmet les messages de bon ou de mauvais augure.
Les rites – gut – sont demandés à l’occasion d’événements particuliers : pour apporter paix et prospérité au village, éloigner la maladie, guider l’âme d’un défunt etc… Chaque rituel a sa signification. De manière générale, pour chaque rituel, de nombreuses offrandes de nourriture et de boissons sont offertes aux esprits avant que la mudang n’entre en transe.
Si le chamanisme a cohabité avec le bouddhisme à son apparition, il est relégué au second plan lorsque la pensée confucéenne devient la religion d’État de la dynastie Joseon. Pour autant, ignoré ou réprimé, le chamanisme survit jusqu’à nos jours.
Pour certaines occasions (entretien d’embauche, examens scolaires, préserver la santé, mariage, naissance, élections, investissements, constructions etc…), qu’il s’agisse de la classe moyenne ou aisée, on va consulter une mudang pour s’assurer la bonne fortune.
Le bouddhisme
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C’est grâce à un moine chinois que le bouddhisme fit son apparition en Corée à l’époque des Trois Royaumes.
S’il devient la religion officielle du royaume de Koguryo en 372, puis de celui de Paekche en 384, il faut attendre l’unification de la dynastie Silla en 668 pour que le bouddhisme embrasse toutes les classes de la société. On peut dire qu’il a été l’un des éléments d’unification de la culture coréenne, ce qui explique son importance. L’essor du bouddhisme se ressent dans la construction des temples et à travers l’art (peinture, architecture, sculpture etc…). Même si de nombreuses écoles bouddhiques divergentes ont existé, la principale branche du bouddhisme coréen est l’ordre Jogye qui unifie les différentes écoles du Seon, le zen coréen.
Durant la période Joseon (1392-1910), le bouddhisme est fortement concurrencé par le confucianisme, adopté par l’élite. Il est fermement réprimé, les moines se voient même interdire l’accès des grandes villes et aucun temple ne peut être construit près des villes. De sorte que les moines n’ont pas d’autre choix que résider dans les montagnes, ce qui explique la forte présence de temples dans ces lieux.
Bien qu’éprouvé par la répression de l’époque Joseon, le bouddhisme a également perduré à travers les siècles pour être considéré comme le protecteur de la nation coréenne.
Le confucianisme
Certains considèrent qu’il s’agit d’une religion d’autres d’une doctrine.
Qu’ils soient l’une ou l’autre, les écrits de Confucius (552-479 avant JC) – un philosophe chinois – ont énormément marqué la société coréenne. Cette philosophie a fortement influencé la morale et l’édiction de lois, en particulier sous la dynastie Joseon qui fit du confucianisme une « véritable idéologie politique » selon le site du guide de tourisme officiel VisitKorea. D’ailleurs, le confucianisme était la religion d’État sous la dynastie Joseon.
Le confucianisme apparaît comme un code moral posant les valeurs de la société. Les principes primordiaux du confucianisme reposent sur la loyauté et la piété filiale ainsi que d’autres valeurs censées assurer tant la stabilité et l’harmonie au sein de la famille que celle de la société entière.
Le respect dû aux ancêtres était très important car on considérait que les ancêtres avaient un pouvoir sur l’avenir des générations futures (comme on peut le voir dans Mulan référence Disney). L’importance de ce respect envers les aînés et l’attribution de rôles propres à chaque personne (père, mère, fils …) explique le système hiérarchique qui dicte encore les relations sociales de la société coréenne. De même, les rites confucéens marquent toujours la vie sociale à travers le mariage traditionnel, les funérailles, l’anniversaire de la mort, le respect aux ancêtres.
De nos jours, l’influence confucéenne dessine la société sud-coréenne.
On le remarque par l’usage du langage honorifique systématique envers les aînés (entre collègues, amis, famille…), par la piété familiale très importante ou encore par la place de la femme (mais ça, c’est une autre histoire).
Le christianisme (catholicisme + protestantisme)
Première église protestante à Séoul
C’est d’abord par les missionnaires catholiques (Français et Chinois) que la religion chrétienne est apparue au pays du Matin calme à la fin du 18ème siècle. Les rois de la période Joseon voyant d’un mauvais œil cette nouvelle pratique susceptible de troubler leur pouvoir par ses principes d’égalité, les premiers chrétiens ont été persécutés.
Au 19ème siècle, le courant protestant fait son apparition grâce aux missionnaires américains qui construisent des écoles et des hôpitaux. L’implantation du christianisme en Corée du Sud s’explique aussi par le contexte historique : à cette époque, la Corée du Sud était annexée par le Japon. Faire partie de l’église était comme un acte de résistance face aux Japonais qui avaient imposé le culte shintoïste, certains mouvements de résistance étant menés par des chrétiens. Le succès du protestantisme s’explique également par la mise en place du gouvernement militaire américain suite à la Seconde Guerre mondiale et par le premier président de Corée, Syngman Rhee, qui était protestant.
Les autres religions
Les cinq religions et croyances abordées dans cet article ne font pas d’ombre à d’autres qui sont pratiquées de manière minoritaire. En Corée du Sud, avec la présence de travailleurs étrangers, l’hindouisme tout comme l’islam (à Séoul, la Mosquée centrale est située à Itaewon) sont également pratiqués.
De même qu’existent aussi des groupes sectaires qui feront l’objet d’un prochain article.
À bientôt !
Crédits photos : tradeready.ca, koreainhungary, Korea.net
3 Comments
Attention, le confucianisme n’est pas tout à fait une religion ou alors il va falloir que vous nous donniez une définition précise de ce que vous considérez une religion !
merci de bien relire le texte !
Cdt,
Avec toutes ces religions et cultes,la Corée du sud est très tolérante.
J’ai beaucoup apprécié l’article sur les différentes religions qui existent dans le pays.Malgré tout, le christianisme domine en Corée du sud.Cependant, certains ont su préserver des croyances ancestrales tels que le chamanisme.
Par contre, le Taoïsme ne fait-il pas partit de la religion coréenne? Peut être que, du fait qu’il ait peu adeptes, on n’en parle peu. A moins que je confonde avec un autre pays.
Hâte de lire l’article sur les groupes sectaires.