Petit guide des films de Bong Joon Ho

29 février 2020

Depuis sa Palme d’or obtenue avec Parasite, Bong Joon Ho n’a pas quitté les lumières des projecteurs. De prix en prix, les derniers étant ceux – historiques – des Oscars, Bong attire tous les regards avec son dernier film. Mais en plus de 20 ans de carrière en tant que cinéaste, Bong Joon Ho a réalisé d’autres œuvres qui méritent tout autant cette attention.

Le cinéma coréen est connu pour être inclassable, mais les films de Bong ont développé leur propre genre. Pourtant, difficile de définir ses films en eux-mêmes… Okja (2017), par exemple, est techniquement un film de science-fiction, mais on y trouve des éléments de comédie avec un humour presque burlesque, et c’est aussi un drame. Malgré ces catégorisations floues, on peut lier Okja à The Host (2006) ou à Snowpiercer (2013), puisque ces films partagent des thèmes similaires.

Ainsi, plutôt que de conseiller des films de Bong en essayant de les classer dans des catégories différentes, je vous propose pour chacun une (très bonne) raison de les voir.

1 – Barking Dog (2000) : La création du genre « Bong »

Synopsis : Yun-ju, angoissé par sa recherche d’emploi, ne peut supporter d’entendre le chien de sa voisine aboyer toute la journée et décide de le tuer. Hyeong-nam, employée par le syndicat de l’immeuble, s’intéresse aux disparitions de chiens dans l’espoir de devenir une héroïne.

Barking Dog est un film particulier,mais qui pose les bases des films de Bong à venir. J’ai vu ce film pour la première fois après Parasite, et je pense que, dans le cas  contraire, j’aurai pu deviner tous les rebondissements ! Barking Dog est un film traversé par la lutte des classes et des critiques sur la société. Cependant, Bong dissimule cela sous un humour noir, cynique et parfois trash, comme il a continué de le faire dans sa filmographie.

Ce premier film, avec de nombreux éléments autobiographiques, est à voir pour comprendre tout le travail de Bong Joon Ho.

2 – Memories of Murder (2003) : L’horreur du réel

Synopsis : L’histoire vraie des policiers de Hwaseon enquêtant sur le premier tueur en série de Corée du Sud, en 1986. Les méthodes particulières de l’époque vont mener l’enquête vers différentes directions.

On a reparlé récemment de Memories of Murder, parce que le tueur de ces meurtres en série aurait enfin été découvert. Mais au début des années 2000, Bong a réalisé ce film dans la peur de savoir que le tueur courrait toujours. Bong s’était alors lancé dans un projet compliqué. Mais il a réussi à capter justement l’horreur des meurtres et les tensions qui bouleversaient le pays.

Memories of Murder est un film à voir pour son réalisme sur une histoire vraie qui vous bouleversera. 

3 – The Host (2006) : Un film de monstre familial

Synopsis : En 2000, l’armée américaine se débarrasse de produits toxiques dans la rivière Han, à Séoul. Six ans plus tard, une créature vivant dans la rivière attaque des riverains et enlève la fille de Park Gang-du, un vendeur immature. Pour la sauver, la famille Park va devoir échapper à l’armée qui prétend que Gang-du est porteur d’un virus mortel.

Dans The Host, il s’agit cette fois d’un monstre imaginaire – bien que ce film soit lui aussi  (librement) inspiré de faits réels. Même si la créature est au centre de l’histoire, The Host est également un film sur la famille. La disparition de Hyun-seo va réunir la famille Park et faire ressurgir des problèmes oubliés. Bong donne l’impression de filmer un road movie familial dans certaines scènes ! Ce mélange équilibre l’aspect science-fiction pour lui apporter un côté intimiste. D’ailleurs, Bong ne cherche même pas à créer de l’anticipation quant à l’aspect du monstre. La famille passe alors au premier plan.

The Host est à voir pour son mélange unique de film de monstre et de drame familial. 

4- Mother (2009) : Kim Hye ja, « la mère de la Corée » 

Synopsis : Une veuve vit seule avec son fils qui est sa seule raison d’être. Mais celui-ci est accusé du meurtre d’une lycéenne mais assure être innocent. Pour le prouver, sa mère va mener sa propre enquête.

Bong Joon-ho a écrit Mother avec l’actrice Kim Hye-ja en tête. Lorsqu’on lui a annoncé qu’elle ne serait peut-être pas disponible, il supplia qu’une solution soit trouvée car le film ne pouvait exister sans elle. Et il avait raison. Kim Hye-ja joue une mère, sans nom, qui est prête à tout pour innocenter son fils. Rien que pour son interprétation, Mother est à voir. La folie qu’elle dégage nous rend parfois mal à l’aise, mais c’est voulu et maitrisé.

Mother est à voir car il s’agit de l’un de ses films les plus intéressants, et qui brille par son interprétation.

5 – Snowpiercer (2013) : Une dystopie d’actualité divertissante

Synopsis : Après une tentative scientifique contre le réchauffement climatique, la Terre vit une nouvelle ère glaciaire. En 2031, un train, avec les seuls survivants, fait le tour du monde. Les passagers du dernier wagon, écrasés par les premiers wagons, se rebellent après l’enlèvement de deux enfants.

Adapté d’une BD française des années 80, Snowpiercer reste encore d’actualité. La plupart des dystopies ont pour but d’accentuer des aspects de notre société contemporaines pour les critiquer. Avec cette société-train, Snowpiercer met en avant de nombreuses idées qui traversent la filmographie de Bong. On avance dans le train à la manière d’un jeu vidéo peuplés de personnages excentriques. En mélangeant propos sur l’écologie et sur la lutte des classes, Bong crée une œuvre politiquement chargée, mais divertissante.

Snowpiercer est un film politique qui tend à rester grand public et compréhensible par tous.

6 – Okja (2017) : Un amour de cochon

Synopsis : Pour redorer leur réputation, la compagnie Mirando crée un concours du meilleur cochon à travers le monde. Dix ans plus tard, Okja, remporte la compétition. Mija, la jeune fille qui s’en est occupée, est déterminée à la sauver.

On retrouve une nouvelle fois une sorte de monstre : Okja. Mais celui-ci est beaucoup plus mignon et attachant ! Cet énorme cochon fut un long travail en post-production – ce qui semble avoir vraiment marqué Bong. Ce labeur technique a payé, puisque l’animal semble plutôt réaliste, et surtout nous conquiert dès le début du film. Okja est sûrement l’un des meilleurs films à regarder si on souhaite devenir végétarien ou vegan ! Même si le film de Bong est parsemé de comédie, il pourrait aussi briser votre cœur.

Okja est à voir pour ce cochon que vous n’oublierez pas et qui vous fera traverser toutes sortes d’émotions.

7 – Parasite (2019) : La maîtrise narrative de Bong

Synopsis : Sans emplois, la famille Kim vit dans un entresol et accepte des tâches ingrates pour survivre. Lorsqu’un ami propose au jeune fils un travail de tuteur, pour une famille riche, ils sautent sur l’occasion. 

Que dire de plus qui n’ait déjà été dit sur Parasite ? Meilleur film de l’année 2019 dans de nombreux festivals, Parasite a beaucoup fait parler de lui. Peut-être trop, parce que ce film fonctionne mieux lorsqu’on ne sait absolument pas à quoi s’attendre. En effet, l’une des grandes forces du film est sa maîtrise narrative. Bong réussit sans aucune difficulté à mélanger les genres et à nous mener exactement où il le souhaite. Hitchcock parlait souvent de la manipulation des spectateurs au cinéma, et le clin d’œil de Bong pour ce réalisateur dans Parasite n’est donc pas à ignorer.

Allez voir Parasite pour vous laissez emporter par la réalisation de Bong qui vous mènera loin de ce que vous auriez pu imaginer ! En plus, il vient tout juste de ressortir au cinéma, mais en noir et blanc : une raison de plus pour y aller !

Voici, toutes nos raisons de voir les films de Bong Joon ho !

Bien sûr, il y en a bien d’autres et il est conseillé de regarder tous ses films si vous ne l’avez pas encore fait.

Qu’en pensez-vous ? Laissez vos avis dans les commentaires.

(crédit : Le pacte, Netflix, Les Bookmakers)

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